Fleur est décidée, elle va chercher à faire du tri dans les affaires qu’elle a récupéré de chez son père, après sa mort. Elle les a entassés dans sa cave, et se décide à y consacrer un peu de temps pour se remémorer son enfance, sujet qu’elle cherche à éviter le plus possible. Pour ça, elle s’enferme dans cette cave. L’autrice va nous emporter dans cette histoire en alternant 2 temporalités : celle de la découverte des photos ou des courriers dans cette cave de nos jours, et celle du passé de la famille, en partant de la jeunesse de ses parents.
Les parents de Fleur se faisaient un devoir de maintenir l’image d’une famille parfaite, propre sur elle, ayant réussi dans la vie. Il faut à tout prix garder cette apparence : nous sommes « des gens comme il faut ». Mais l’histoire de cette famille est en réalité toxique. Le début du roman, assez marquant, résume d’ailleurs assez bien ce qu’a vécu Fleur et nous plonge directement dans le bain.
L’expression « on ne lave pas son linge sale en public » est bien la devise de la famille. Personne autour d’eux ne prenait réellement conscience de ce qu’il se passait. Une fois la porte fermée, on ne peut pas savoir. Cette ambiance lourde et malgré tout assez sournoise et inexplicable en quelques mots, va rejaillir sur les 2 filles du couple qui vont chercher à maintenir la tête hors de l’eau pour ne pas s’imprégner totalement de leur mal-être. Le passé lourd de la mère et du père aurait pu leur faire prendre conscience de l’importance d’épargner leurs enfants des problèmes d’adulte. Mais en réalité, ils vont se renvoyer la balle entre eux deux, en s’aveuglant eux-mêmes, en ne prenant pas conscience de ce qu’ils faisaient subir à leurs enfants.
L’autrice va nous imprégner de cette histoire, qui s’apparente a priori à son histoire personnelle. En tant qu’adulte, elle a encore du mal à se replonger dans ce passé, qui lui a finalement échappé. Elle est devenue rapidement, par la force des choses, plus mature que ce qu’on attendait à son âge. L’autrice a réussi à nous expliquer tout cela : les apparences sont souvent trompeuses.
En bref, j’ai bien aimé cette lecture, dans laquelle l’écriture fine et fluide de l’autrice nous entraîne jusqu’à la dernière page. L’alternance passé/présent souvent utilisé dans les romans contemporains ne pouvait que me plaire. Une belle réussite malgré des passages qui m’ont un peu perdu, notamment la métaphore de l’arbre dans la cave. A lire !
Je remercie les éditions du Cherche-midi pour cette lecture.
Résumé éditeur
Un roman saisissant sur une famille où l’obsession des apparences cache une réalité chaotique.
» Ma sœur aînée et moi avons poussé dans la vase avec peu de lumière autour. «
Messe le dimanche, robes à smocks, vacances sur la côte basque au milieu de gens distingués… Jean, Madeleine et leurs deux filles, Nine et Fleur, respectent toutes les apparences d’une famille bourgeoise à la vie rangée.
Pourtant, quand Fleur, âgée d’une quarantaine d’années, décide après la mort de son père de s’installer dans sa cave pour trier les montagnes de lettres, cartes de vœux, faire-part de décès, objets divers reçus en héritage, c’est une réalité bien différente qui surgit… Tandis que son histoire et celle de ses proches se reforment sous ses yeux, on découvre des êtres beaucoup moins lisses qu’il n’y paraît, au passé et aux secrets étouffants.
Avec une force rare, Des gens comme il faut nous entraîne au cœur d’une famille bouleversante, à la fois unique et toute proche des nôtres.
Éditions : Cherche-Midi
Nombre de pages : 288 pages
Date de publication : 2 mai 2024
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