La carte postale de Anne Berest

Un jour, les parents d’Anne Berest, l’autrice de ce roman, reçoivent une carte postale sur laquelle est inscrite 4 prénoms. Ces 4 prénoms sont bien connus de Lélia, la mère de l’autrice. Mais pour faire comprendre à sa fille qui sont ces personnes, elle se doit de revenir sur le lourd passé familial, en particulier au moment de la seconde guerre mondiale.

J’ai beaucoup lu sur cette période et j’avoue avoir du mal à lire d’autres romans sur le sujet. Mais le parti pris de ce livre, celui de retrouver qui a écrit cette carte postale, me semblait un biais intéressant. Mais, il y a certains éléments dans ce roman qui m’ont gêné.

Pour nous remettre dans le contexte, pendant les 200 premières pages de son livre, l’autrice nous raconte donc l’histoire de sa famille. Cette partie m’a semblé longue, dans le sens où, comme je le disais plus haut, j’ai beaucoup lu sur le sujet et j’ai vu aussi beaucoup de films. Mon niveau de connaissance n’est bien sûr pas parfait mais j’ai eu comme l’impression que le but de cette première partie était aussi de faire connaître ce qu’il s’est passé durant cette période, comme si le lecteur n’en avait pas connaissance, en était complètement ignorant. Je comprends mieux pourquoi en tout début de livre, l’éditeur nous précise que des compléments pédagogiques sont disponibles sur le net : le roman serait donc un support pédagogique aux élèves.

Même s’il s’agit ici d’une histoire vraie qui nous est rapportée, je n’ai pas été emportée par l’histoire. J’ai même ressenti comme une gêne sur certains aspects, quant à la manière dont ça nous est expliqué : des dialogues supposés, des peurs et des joies rapportées, des détails forcément inventés pour combler les vides.

J’ai plus été intéressée par un passage, finalement court, évoquant les relents d’antisémitisme encore d’actualité. On en parle aux infos mais il m’est difficile de savoir ce qu’il en est dans la réalité. L’autrice a su m’expliquer ce qu’il en est, sur ses craintes pour elle, pour sa fille aussi. Ces peurs de devoir encore affronter les remarques insidieuses, les comportements hostiles des autres, qui la conduisent à cacher ses origines, sans réellement le vouloir, comme si les reconnaître induisait comme une sorte de devoir, de revendiquer sa religion pour laquelle elle n’est pas pratiquante, assumer une histoire, celle de sa famille, dont elle ignore les détails.

Au moment où en entre dans le concret, ce que j’attendais réellement, c’est la recherche de l’auteur de cette fameuse carte postale. Anne et sa mère Lélia retournent dans le village où les 4 membres de sa famille ont vécu leurs derniers jours. Les gens du village sont encore imprégnés de l’histoire locale, de l’époque dont ils semblent être pris de remords et aussi de méfiance. Ce retour en arrière avec ces personnes qui ont vécu, jeunes ou moins jeunes, sur les lieux étaient passionnantes et j’avoue avoir enfin été prise dans l’intrigue, captivée par cette histoire.

Puis, par la suite, il a fallu plonger à nouveau sur l’histoire de Myriam, la mère de Lélia, la grand-mère de l’autrice. Cette partie là est de nouveau supposée dans ses détails. Cela m’a à nouveau donné un sentiment d’histoire forcément inventée, puisque cette partie est relativement longue.

Le retour à Paris de Myriam aurait pu être intéressante aussi, mais des détails me semblent gênants, notamment le passage sur l’hôtel du Lutetia.

Dès le début du livre, on comprend que ce roman est utilisé notamment à des fins scolaires, pour raconter la guerre aux élèves. Sans cette mention, on aurait pu comprendre tout seul que ce livre est destiné à ceux qui n’ont pas beaucoup lu sur le sujet car pour une grande partie de ce qui nous est raconté sont connus. Néanmoins, j’ai appris certaines choses et notamment sur ce qu’il s’est passé à Paris : au Lutetia, la place de l’Opéra,…

On sait qui a rédigé la carte postale à la fin du livre. Il s’agit d’une histoire vraie. L’histoire aurait été imaginée, la fin aurait été bien décevante. Mais la vraie vie ne rend pas forcément les choses extraordinaires et l’explication peut être parfois toute simple. Ce qui est le cas ici.

En bref, même si ce livre se lit très bien (lu en seulement 2/3 jours), je n’ai pas été emballée par cette lecture. Il y a beaucoup trop de longueurs, sur des détails qui ont nécessairement été inventées pour combler des passages incertains de vies réelles, dont on ignore complètement ce qu’elles ont pu ressentir en ces temps de guerre et que seules ces personnes, d’autant plus en période de guerre, ont pu ressentir. Rien ne saurait l’expliquer.

Résumé éditeur

« La carte postale est arrivée dans notre boîte aux lettres au milieu des traditionnelles cartes de voeux. Elle n’était pas signée, l’auteur avait voulu rester anonyme. Il y avait l’opéra Garnier d’un côté, et de l’autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942. Vingt ans plus tard, j’ai décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale, en explorant toutes les hypothèses qui s’ouvraient à moi.
Ce livre m’a menée cent ans en arrière. J’ai retracé le destin romanesque des Rabinovitch, leur fuite de Russie, leur voyage en Lettonie puis en Palestine. Et enfin, leur arrivée à Paris, avec la guerre et son désastre.
J’ai essayé de comprendre pourquoi ma grand-mère Myriam fut la seule qui échappa à la déportation. Et d’éclaircir les mystères qui entouraient ses deux mariages.
Le roman de mes ancêtres est aussi une quête initiatique sur la signification du mot “Juif” dans une vie laïque. »
À la fois récit des origines et enquête familiale, ce roman se dévore.

Éditions : Le Livre de Poche

Nombre de pages : 570 pages

Date de publication : 24 août 2022


Une réponse à « La carte postale de Anne Berest »

  1. Avatar de lemondedesandee

    Merci pour cette découverte! Bisous

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